A l’aube de la trentaine, je me réveille avec une sensation de vide, comme si j’étais passée à coté de ma vie. La rupture d’avec O. a été difficile à accepter et à surmonter sur un plan moral. Je pensais avoir trouvé une personne avec qui « ça se passait bien », je me suis trompée. J’ai vécu comme une trahison sa décision de se faire opérer sans me demander mon avis, sans en discuter. Je pouvais comprendre son envie de ne plus avoir d’enfant, je pouvais le concevoir sans problème. Mais la manière dont les choses se sont présentées m’est restée au travers de la gorge. On n’avait pas parlé « d’avenir à long terme » mais on avait quelques projets, on ne s’était rien promis mais  le respect de l’autre personne passe par un dialogue franc, surtout quand il s’agit de prendre une décision qui a une influence sur le couple. En parler n’aurait rien changé sur le fond, au final on aurait pas eu d’enfant ensemble mais, annoncer cela à sa copine au resto lors d’un dîner en amoureux sans préavis a signé l’arrêt de mort de notre relation. J’ai bien essayé « d’accepter » la situation, je me suis sentie comme poignardée. j’étais amoureuse, lui pas, pas comme moi. j’avais laissé tombé mes barrières, je lui faisais totalement confiance et le retour du boomerang à été une vraie claque. Puis, un jour, je me suis réveillée avec une certitude, je ne voulais pas passer à coté de ma vie, me réveiller à 35 ans sans enfant, prise au piège dans une relation sans avenir. je suis partie…

L’envie d’être mère s’est renforcée au fil des années. Durant dix, peut-être douze ans de ma vie j’y ai pensé et j’étais certaine d’une chose: seule ou en couple d’aurais un enfant dans ma vie, à moi ou adopté. J’ai toujours été sure également que je voulais un enfant désiré (pas un enfant fait par « dépit » avec le premier venu ou avec quelqu’un pour qui je n’éprouvais pas de sentiments). C’est sure qu’être mère célibataire est difficile, mal vu même encore à notre époque. mais, quand je vois le nombre d’homme qui abandonnent leur copine quand elle est enceinte ou qui ne cherchent même pas à s’occuper de leur enfant, à le voir après une séparation; je me dit qu’il vaut mieux un seul parent aimant et certain de son choix, que deux qui se déchirent et dont l’enfant est prisonnier de la guerre de ses parents.

Voila, comment, un jour on se réveille, seule, avec cette envie dévorante d’avoir sa propre famille, de devenir mère, de donner tout l’amour qu’on a en soit. Alors, quand l’espoir de rencontrer « l’homme avec qui on pourrait faire sa vie » recule au fur et à mesure que le temps avance on commence à avoir peur. Avant que Dame Nature ne nous empêche de pouvoir réaliser ce projet tellement personnel, intime et gravé au fond de nous, il arrive qu’une femme célibataire pousse la porte d’un centre de procréation médicalement assistée et demande de l’aide à une équipe médicale pour devenir mère. Par insémination artificielle ou par FIV, avec la « petite graine » d’un donneur anonyme (c’est la règle en Belgique), ce « rêve » peut devenir réalité. Mais ce parcours est difficile, semé d’embuche, sinueux. Ce n’est pas anodin, ce projet doit être bien réfléchit. C’est pour cela qu’en Belgique, un rendez-vous avec un psychologue est obligatoire pour une femme seule qui veut avoir recours à une PMA. Ensuite, le psychologue rendra son avis à l’équipe médicale et le « cas » de cette femme célibataire sera ou non accepté. Si c’est « oui », vient le moment de l’entretient avec un gynécologue qui vous expliqueras les procédés existants et le déroulement de ceux-ci. mais avant tout il y a toute une batterie d’examens à passer, des tests sanguins, des échographies, une hystérosalpingographie (pas agréable à passer du tout) et d’autres tests selon la demande de l’hôpital en charge de votre dossier. Après cela seulement l’espoir de pouvoir faire des « essais » commence à pointer le bout de son nez. cela prend souvent plusieurs mois. Puis, viendront les essais… Et il faut être prête à accuser le coup d’échecs, le fausses couches etc… Il est important d’être sure de sa décision et aussi d’être entourée. j’ai la chance d’avoir deux ami(e)s qui me soutiennent dans mon projet, qui ont été présents pour la réflexion, les examens psy et gynéco et qui sont encore là aujourd’hui, fidèles au poste pour la suite de l’aventure…

Parce que dans mon cas, l’aventure a débuté ainsi…

Des semaines entières à parcourir la toile, à lire des témoignages de femmes dans la même situation que moi; seule mais avec cette envie dévorante de devenir mère,  de donner la vie,  d’avoir des enfants à aimer, à élever, à voir grandir et partager notre vie avec eux.

C’est par un matin d’hiver que je vais franchir le premier pas de ce parcours: prendre contact avec différents hôpitaux qui permettent aux femmes célibataire de d’entrer en cycle de pma pour tenter de devenir maman. Pour beaucoup d’hôpitaux, le fait même d’être célibataire est un frein, pour d’autres, les critères sont liés à l’âge (trop jeune avant 35 ans). Je commence par avoir rendez-vous à Erasme chez une psychologue, les deux heures que durent la rencontre passent vite et le verdict tombe: trop jeune… Quelques semaines plus tard, après avoir renvoyé un questionnaire avec mes antécédents amoureux, de santé et mes motivations, je reçois une première réponse positive de l’hôpital UZ de Bruxelles. La psychologue estime qu’elle peut me rencontrer, c’est  un premier pas de franchis. Malheureusement les contraintes horaires et le travail repoussent le délai déjà long qui me sépare de la date de ce rendez-vous convoité.  Le printemps arrive et après une X ième hésitation, je téléphone à la clinique Edith Cavell d’Uccle. Un rendez-vous est fixé en avril avec un Gynéco (Dr N.) et une psychologue.

Je me suis rendue, stressée au rendez-vous à Uccle et, surprise, j’y ai découvert une équipe sympathique, à l’écoute, qui ne vous juge pas qui vous soutient. Pour la  première fois j’ai eu la sensation d’être écoutée et entendue dans mon choix, le gynéco qui s’occupe de moi, le Dr N. me dira presque mot pour mot: « des enfants malheureux,  non désirés ou qui sont balader entre les disputes quotidiennes de leurs parents,  j’en ai vu. Croyez-moi un enfant désiré et élevé avec un seul parent aimant sera bien plus heureux et équilibré qu’un enfant qui a deux parents qui ne savent pas le laisser en dehors de leurs guerres d’adultes »… Tout est dit. Je sors de la clinique ce mardi d’avril avec une certitude: je suis capable d’élever un enfant et de le rendre heureux en étant célibataire

Malheureusement beaucoup de monde pense encore qu’il est « égoiste » de faire un enfant sans « père ». C’est peut-être vrai quelque part mais , je pense qu’un enfant abandonné par son père aura plus de mal à accepter cette situation qu’un enfant qui connais son histoire dès le départ et qui sait qu’il était désiré plus que tout. Si j’ai la chance de devenir maman, mon enfant connaîtra tout de son histoire, du pourquoi au comment il a été conçu et surtout il saura qu’il était désiré de tout mon cœur.

Ce qui me posera personnellement le plus problème dans cette histoire sera d’expliquer à l’enfant  qu’il n’aura probablement jamais de réponse à ses questions sur le plan « biologique », sur sa ressemblance avec le « père biologique ». Un travail avec l’aide d’une psychologue sera surement nécessaire afin de pouvoir vivre au mieux ces questions et leur apporter une réponse la plus adéquate possible en temps voulu…

Tous, les médecins, les psys,  les amis proches et moi la première,  nous savons tous qu’un père est important pour un enfant. Mais un « papa » n’est pas un géniteur,  c’est un homme qui aime réellement l’enfant.  Ça peut être un beau-père également. Et j’espère,  plus tard avoir la possibilité de rencontrer celui qui choisira d’aimer mon enfant un peu comme le siens…Fotor_146894748502888